"II y avait quelque chose d'indéterminé
avant la naissance de l'univers."

(Tao-tö king 25)

Il est courant d'opposer la recherche spirituelle et la recherche scientifique mais ne serait-il pas plus avantageux d’établir une alliance de paix entre elles ?

Voici un premier extrait d'une vidéo de Julien Barrau, astrophysicien (W) :

"... la totalité de ce qui est visible dans notre environnement fut, il y a quelque 13 milliards d'années et un peu plus, concentré dans un point qui était plus petit qu'une tête d'épingle, d'une sphère qui était extraordinairement minuscule. Cela ne fait pratiquement plus question. Je crois qu'on peut considérer qu'il s'agit de science établie..."

Aussi précieux qu'il puisse être, pour beaucoup le langage mathématique des scientifiques n'est pas directement accessible. Telle une langue étrangère, il doit préalablement s'apprendre. Si l'on veut comprendre le langage spirituel, lui aussi doit tout d'abord être considéré comme une langue étrangère mais ici, ce ne sont pas sont pas les mots ni les formules de ce langage qu'il convient d'apprendre pour pouvoir le comprendre mais la façon de le lire qui est simple et à la portée de chacun. Et tout d'abord, il doit être considéré comme tel.
Le langage spirituel qui est représentatif, imagé parce qu'il supporte mal les interprétations restrictives, est directement accessible à tout homme qui s'efforce de réaliser en lui-même ce qu'il signifie en recherchant ce qui est à la fois semblable et complémentaire.

Ainsi, par exemple :

"II est plus facile à un chameau d'entrer par un trou d'aiguille à coudre qu'à un riche [d'entrer] dans le royaume de Dieu. » En entendant, les disciples étaient frappés d'une grande stupeur... » Mais les regardant, Jésus leur dit : « Aux hommes, c'est impossible, mais à Dieu tout est possible. » (Évangile selon saint Matthieu 19:24)
Dans l'enseignement de Shrî Râmakrishna (1836 - 1886) :
« Deux yogins pratiquaient des austérités dans l'espoir de « réaliser » Dieu. Un jour, Nârada, le divin sage, passa près de leur ermitage. Un des deux yogins lui demanda : « Voulez-vous me dire ce que vous avez vu faire au Seigneur des cieux ? – Je L'ai vu, dit Nârada, S'amuser à faire passer des chameaux et des éléphants par le chas d'une aiguille. – Ce n'est pas étonnant, répliqua un des yogins, puisque rien n'est impossible à Dieu ! » Mais l'autre s'écria : « Quelle absurdité ! c'est impossible ; cela prouve seulement que vous n'avez jamais été dans la demeure du Seigneur ! » Le premier était un bhakta et avait la foi d'un enfant. Rien n'est impossible à Dieu, qui a créé ce merveilleux univers ; et nul ne peut connaître entièrement Sa nature. De lui, on peut tout dire. » (728)

Passer des éléphants et des chameaux par le trou d'une aiguille… « Mais les regardant, Jésus leur dit : « Aux hommes, c'est impossible, mais à Dieu tout est possible. »

 

Dans l'enseignement de Ramana Maharshi (1879 - 1950) :

« La source est un point sans dimension. Son expansion infinie est double : d'une part le cosmos, d'autre part la félicité. Ce point est le pivot de toute manifestation. De son sein s'élance une seule vâsanâ qui se démultiplie en sujet, le Moi, en expérience et en Cosmos. Deux oiseaux exactement pareils, s'envolent simultanément.
Quand je résidais au Skandâshraman, j'avais coutume d'aller m'asseoir sur un rocher : un jour que j'étais accompagné d'un petit groupe de visiteurs, nous découvrîmes, sortant d'une infractuosité du rocher, un insecte qui ressemblait au papillon appelé phalène, et qui s'avança dans l'air à la vitesse d'une fusée. En l'espace d'un clin d'œil, il se multiplia en millions de papillons semblables à lui qui formèrent un nuage tellement dense que la vue du ciel était complètement obscurcie. Nous fûmes grandement surpris et nous examinâmes l'endroit d'où il s'était élancé. Nous découvrîmes que ce n'était qu'une faille minuscule, pas plus grosse qu'un trou d'épingle. Comment autant d'insectes avaient-ils pu sortir d'un trou aussi exigu, en un temps aussi bref ?
Ce n'était pas possible.
Telle est l'image de l'ego (ahamkâra) quand il jaillit et s'étend pour devenir l'univers.
Le cœur est le centre. Personne ne peut en être séparé. Sinon il ne serait même pas… »
(P530)

Si la Source est un point sans dimension, où n'est-elle pas ?

Si à l'Origine, il n'y a pas de Temps comment Ce qui n'était pas peut-il avoir disparu ?

"Mais quand fut le commencement ? A nul instant dans le Temps, car le commencement est à tous les instants ; le commencement fut toujours, est et toujours sera. Le divin commencement est à jamais avant le Temps, dans le Temps et au-delà du Temps." (Shrî Aurobindo 1872 - 1950, Métaphysique et Psychologie P70)
Comme dans la Bible, il n'y a pas un commencement mais deux et c'est pourquoi

"Le divin (di = 2) commencement est à jamais avant le Temps, dans le Temps et au-delà du Temps."

« Dieu aime extrêmement que l'on ne pose point de limites à ses œuvres. » (Sainte Thérèse d'Avila 1515 - 1582)

Car les limites que nous Lui imposons, y compris les limites d'interprétations sont celles que nous devons supporter !

 

Le possible de l'impossible...

« En fait, pratiquement, le Mental mesure le temps par l'événement et l'espace par la Matière ; mais il est possible dans la mentalité pure de négliger le mouvement de l'événement et la disposition de la substance, et de réaliser le pur mouvement de Force-consciente qui constitue l'espace et le temps ; espace et temps ne sont alors que deux aspects de l'universelle force de Conscience. » (Shrî Aurobindo - Métaphysique et psychologie P85) "d'une même Entité sous-jacente". (Julien Barrau)
Les Écritures permettent d'aller bien plus loin encore et l'on ne peut exclure l'idée de Julien Barrau que l'univers actuel, cette Entité qui semble ne plus revenir en arrière, en est à sa "dernière incarnation" (Stances de la Loi 423), à sa dernière Manifestation. En tout cas, c'est avec « la pure mentalité » qui est aussi celle qui ne juge pas, qui ne condamne pas, qui ne méprise pas qu'une telle étude est possible. Pour l'illustrer, voici une interrogation : Que peut bien représenter ce « riche dans le royaume de Dieu » ? La question posée est conforme à l’Écriture car le verbe "entrer" placé entre crochets et qui attire l'attention, a été rajouté par le traducteur pour la clarté, comme il le précise lui-même et avec la plus grande honnêteté en page 9 (R).
Évangile selon saint Matthieu 19:24

Ce verbe ne peut pas être dans le Texte originel car vouloir Le faire entrer, « ce serait aussi peu sensé que de dire à quelqu'un d'entrer dans une pièce où il serait déjà. » (Sainte Thérèse d'Avila - Le château intérieur P23)

On ne peut finalement prendre Conscience et par là même Connaissance que de Ce-qui-est, qui S'est manifesté et qui nous a échappé, comme l'endroit où ce " Roi si puissant, si sage, si pur, si riche de tous biens, prend plaisir à résider." (Sainte Thérèse d'Avila - Le château intérieur P21)